Critique

« L’Appel de l’océan » : un documentaire inédit sur les ravages de la pêche industrielle

À 99 ans, le naturaliste britannique sir David Attenborough signe un documentaire frappant sur le fragile équilibre des écosystèmes marins et les ravages des géants industriels. Un film spectaculaire diffusé sur Disney+.

Les images ont été largement partagées sur les réseaux sociaux. Une chaîne racle lourdement le fond de l’océan, remue le sable, soulève les rochers. Les poissons entament leur fuite, dans une véritable course contre le filet qui menace de les saisir et dans lequel nous sommes embarqués. Et quand il remonte, il laisse poissons, requins et raies agoniser sur le pont du chalutier géant. On doute qu’ils soient encore vivants lorsqu’ils sont rejetés, massivement, à la mer. Sur un tel bateau, jusqu’à trois quarts des prises peuvent être remises à l’eau.

« En quoi est-ce durable ? », interroge sévèrement le naturaliste et présentateur britannique sir David Attenborough. Véritable icône au Royaume-Uni, il prête à 99 ans sa plume et son visage à ce documentaire spectaculaire diffusé sur la plateforme Disney+.

Émerveillement

Selon les auteurs, la pose d’une caméra sur les filets d’un chalutier de fond est une première. C’est loin d’être la seule prouesse de ce film, qui tient l’équilibre entre dénonciation implacable et émerveillement. Des eaux de l’Antarctique à celles de la Manche, c’est un voyage sur les traces des engins dévastateurs de la pêche industrielle et, dans leur sillage, des petits pêcheurs côtiers désœuvrés et d’une biodiversité marine qui s’effondre…

Mais c’est aussi un récit sensible « de ce monde que l’on ne voit pas et auquel on ne pense pas ». Au milieu des forêts de kelp, des récifs coralliens, des écosystèmes colorés de la mer du Nord ou de la colonne d’eau de la haute mer, les images évoquent le fragile équilibre de ces écosystèmes marins. Il montre aussi les capacités de résilience extraordinaire de ces milieux, à condition qu’ils soient suffisamment protégés. C’est loin d’être le cas : seuls 3 % aujourd’hui sont mis à l’abri des activités humaines. Un appel, donc, alors que des dirigeants du monde entier se réunissent ces jours-ci à Nice pour la 3e Conférence des Nations unies sur l’océan.