Après plus de trois ans de négociations acharnées, un accord international sur la prévention et la lutte contre les pandémies a été adopté mardi 20 mai à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« L’assemblée est-elle prête à adopter cette résolution ? Je ne vois pas d’objection. La résolution est adoptée », a déclaré le président de l’assemblée mondiale de la santé et ministre de la santé des Philippines, Ted Herbosa, une déclaration suivie de longs applaudissements.
Un succès après trois années de négociations souvent difficiles et sur le fil du rasoir, dans un contexte de coupes drastiques dans le budget de l’OMS, pourtant confrontée à des crises toujours plus nombreuses.
Les États-Unis se sont toutefois retirés des négociations à la suite de la décision de Donald Trump de quitter l’OMS. Le pays n’a pas envoyé de délégués à la 78e assemblée mondiale sur la santé, qui se tient jusqu’au 27 mai à Genève. Ni l’Argentine.
Le texte, finalisé le 16 avril par consensus, instaure une coordination mondiale plus précoce et plus efficace à la fois pour prévenir, détecter et répondre au risque pandémique et ce de manière plus rapide. « La pandémie de Covid-19 a été un électrochoc. Elle nous a rappelé avec brutalité que les virus ne connaissent pas de frontières, qu’aucun pays aussi puissant soit-il ne peut affronter seul une crise sanitaire mondiale », a relevé l’ambassadrice française pour la santé mondiale, Anne-Claire Amprou, qui a coprésidé les négociations.
Accès équitable aux produits de santé
L’accord vise à garantir un accès équitable aux produits de santé en cas de pandémie. Le sujet avait été au cœur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s’accaparer les doses de vaccin et autres tests.
« En reconnaissant que la santé humaine, la santé animale et celle de l’environnement sont indissociables, nous agissons à la racine des pandémies » avec cet accord, a déclaré le ministre français de la santé, Yannick Neuder, pendant l’assemblée.
Surtout, il établit un mécanisme « d’accès aux pathogènes et de partage des avantages » (PABS) « qui permet un partage très rapide et systématique des informations sur l’émergence de pathogènes à potentiel pandémique », selon Anne-Claire Amprou.
« En retour, tout ce qu’on appelle les contre-mesures médicales, c’est-à-dire les produits de diagnostic, les médicaments pour des traitements ou les vaccins, qui seront produits sur la base de cette information partagée, seront aussi partagés », en partie, par les entreprises qui décident d’y participer, explique une source diplomatique française. Les détails du mécanisme doivent encore être négociés, d’ici mai 2026, afin que l’accord puisse être ratifié.
Aide américaine
La réorganisation de l’OMS et ses finances vont également accaparer l’assemblée mondiale de la santé. L’administration Trump refuse de payer les cotisations convenues pour 2024 et 2025, tout en gelant pratiquement toute l’aide étrangère américaine.
Le chef de l’OMS a averti fin avril que les coupes budgétaires des États-Unis – historiquement de loin son plus grand donateur – laissaient les comptes de l’agence onusienne dans le rouge, la forçant à tailler dans ses opérations et son personnel.
« Nous sommes confrontés à un déficit salarial s’élevant à plus de 500 millions de dollars pour le prochain exercice » 2026-2027, a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus lundi. L’OMS cherche à réduire de 25 % les dépenses liées aux salaires, et a déjà annoncé réduire l’équipe de direction de 14 à 7 et le nombre de départements de 76 à 34.