Du Canada à l’Europe, pourquoi la fumée des mégafeux se propage si loin ?

Le panache de fumée émanant des 200 incendies en cours au Canada a atteint l’Europe à la fin du mois de mai, a annoncé l’observatoire européen Copernicus, mardi 3 juin 2025. (Ici, un incendie vu du ciel au nord-est du lac Summit, en Colombie-Britannique, le 2 juin 2025).
Le panache de fumée émanant des 200 incendies en cours au Canada a atteint l’Europe à la fin du mois de mai, a annoncé l’observatoire européen Copernicus, mardi 3 juin 2025. (Ici, un incendie vu du ciel au nord-est du lac Summit, en Colombie-Britannique, le 2 juin 2025). BC Wildfire Service / AP
Alors que de gigantesques incendies meurtrissent le centre et l’ouest du Canada depuis quelques semaines, la fumée a déjà atteint l’Europe. Plusieurs panaches devraient encore arriver d’ici peu, a indiqué l’observatoire européen Copernicus mardi 3 juin. Comment expliquer que ces nuages traversent l’Atlantique ?

Dans le centre et l’ouest du Canada, plus de 31 000 personnes ont déjà été forcées d’évacuer leur habitation menacée par les flammes. Depuis le début du mois de mai, trois vastes provinces (Manitoba, Alberta et Saskatchewan) sont touchées par de puissants mégafeux.

Décimant les forêts, ces incendies s’attaquent désormais à certaines villes. Plus de 200 foyers sont encore actifs, vendredi 6 juin, dont la moitié est jugée « hors de contrôle » par les autorités. Déjà, 2,2 millions d’hectares ont brûlé, une superficie équivalente à celle de la Slovénie.

« Nous sommes face à un monstre », résument les pompiers de La Ronge, petite localité du centre du pays. La fumée continue à détériorer la qualité de l’air, désormais jugée dangereuse, au Canada et dans le nord des États-Unis. Mais les images satellites montrent que ces panaches traversent également l’Atlantique, depuis le début de la semaine.

Si une première vague de fumée a d’abord atteint la Méditerranée orientale au mois de mai, « une deuxième, beaucoup plus importante », a touché le nord-ouest de l’Europe le 1er juin dernier, selon l’observatoire européen Copernicus. Le service pour la surveillance de la qualité de l’air de cet institut (CAMS) prévient : « D’autres panaches devraient atteindre le continent dans les prochains jours. »

Lors du terrible été 2023, au cours duquel des centaines de mégafeux avaient décimé 15 millions de kilomètres carrés de sol canadien, la fumée avait déjà traversé le globe. Les incendies de cette année font de même, au point que certains ont pu trouver le ciel parisien plus brumeux ces derniers jours.

Un courant d’air ouest-est

Les fumées des grands feux se dispersent rarement dans l’atmosphère mais parcourent plutôt des milliers de kilomètres. D’abord parce que ces incendies sont d’une telle intensité que la quantité de fumée ne faiblit pas, alimentant le panache avec une masse énorme de particules. Avec plusieurs centaines de foyers encore actifs, les incendies canadiens en cours approvisionnent un immense nuage de fumée de 3 millions de kilomètres carrés, la superficie de l’Inde.

L’intensité des feux pousse également une partie de cet écran de fumée au-delà des sept kilomètres d’altitude, dans les hautes couches de l’atmosphère. Lorsque cela se produit, la fumée entre alors dans le « jetstream ». Ces vents forts en altitude s’étendent de l’Amérique du Nord à l’Europe et soufflent dans le sens ouest-est. Le phénomène contribue ainsi à transporter une grosse partie de la fumée en haute sphère depuis les foyers canadiens jusqu’au Vieux Continent. Selon les images satellites, le panache qui surplombe actuellement l’océan Atlantique est large d’environ 5 000 kilomètres.

Aucune conséquence sur la santé

Menace apparente, ce nuage de fumée ne dégradera cependant pas la qualité de l’air dans les jours à venir. À cette hauteur, il ne représente aucun danger pour la santé assure l’observatoire Copernicus. D’autant qu’en parcourant une telle distance (plus de 7 000 kilomètres, dans le cas des incendies actuels), la concentration en particules nocives du panache s’est considérablement réduite.

Inodore, le prochain nuage qui survolera l’Europe dans les prochains jours donnera, tout au plus, des couchers de soleil spectaculaires. Ces derniers temps, alors que deux panaches ont déjà traversé le ciel européen, un voile jaunâtre était déjà parfois visible à l’œil nu.