Et si la prochaine génération ne connaissait jamais le goût du poisson frais ? C’est le scénario catastrophe qui pourrait être envisagé à cause de la surpêche. Cette question sera l’un des sujets du sommet de l’ONU sur la protection des océans, qui débute lundi 9 juin 2025 à Nice.
Le terme « surpêche » s’emploie lorsque le nombre de poissons pêchés est tellement élevé qu’il n’y a plus assez d’adultes pour se reproduire et maintenir un niveau de population suffisant. Aujourd’hui, on considère qu’un tiers des poissons consommés est issu de la surpêche, même si de plus en plus d’initiatives tentent de ralentir le rythme.
27 millions de tonnes pêchées par accident
Chaque année, 27 millions de tonnes de diverses espèces maritimes sont capturées accidentellement selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Une proportion alarmante qui menace les espèces protégées à cause du manque de sélectivité des engins de pêche.
Le chalut, énorme filet en forme d’entonnoir surtout utilisé pour la crevette tropicale, fait partie des techniques de pêche les plus invasives et est responsable d’énormément de « prises accessoires ». Pour 1 kg de crevettes pêchées, jusqu’à 10 kg de captures accidentelles peuvent être remontées. Ces prises, qui vont de la tortue au dauphin, sont ensuite rejetées à la mer mourantes ou mortes.
20,7 kg de poissons consommés par an
La consommation mondiale de poisson par habitant ne cesse d’augmenter. Le FAO estime qu’on mange en moyenne presque 21 kg de poissons par an. Une donnée qui a plus que doublé en 60 ans, avec une moyenne à 9 kg par personne en 1961.
Un citoyen européen consommerait en moyenne 24,4 kg de poissons et de fruits de mer chaque année. Les Français se placent au-dessus de la moyenne, avec 32 kg par an. La quatrième plus grosse consommation de l’UE.
Plus de 1 550 espèces menacées d’extinction
Dans sa tristement célèbre liste rouge, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) évalue l’état de conservation de la faune et la flore. Parmi les presque 18 000 espèces marines étudiées, elle estime que 1 550 d’entre elles sont menacées d’extinction.
Cette situation découle directement de la surpêche, dont le dugong, par exemple, est une des victimes. Déjà classé « vulnérable » à échelle mondiale, ce mammifère marin herbivore est désormais « en danger critique » en Afrique de l’Est, le statut le plus alarmant. Les captures involontaires ont décimé la population de cette zone où il subsiste moins de 250 dugongs matures.
8,5 millions de tonnes d’anchois pêchés
Ça en fait le poisson le plus pêché du monde : 8,5 millions de tonnes d’anchois sont pêchées chaque année, en grande majorité au Pérou. Pour autant, ce sont rarement dans nos assiettes que ces petits poissons finissent. Seulement un million de tonnes sont destinées à la consommation humaine. Le reste est transformé en huile ou en farine pour nourrir des poissons d’élevage, comme le saumon.
La surpêche d’anchois déséquilibre fortement la chaîne alimentaire dont il fait partie, avec ses proies qui se multiplient ou ses prédateurs qui se raréfient.
15 % des captures issues de la pêche illégale
Elle fait partie des causes de la surpêche, la pêche non déclarée et non réglementée (INN) représente près de 15 % des captures mondiales. Pratiquée essentiellement en haute mer, dans des zones où les pays environnants ont moins de réglementations et de contrôles, la pêche illégale participe à détériorer les écosystèmes marins.
Près de 26 millions de tonnes de poissons sont capturées de cette manière sur les 185 millions de tonnes d’animaux aquatiques pêchés et produits dans le monde chaque année. Les pêcheurs illégaux exploitent les ressources au maximum avec des engins de pêche destructifs. Certains utilisent même des techniques interdites telles que la pêche à l’explosif ou au poison, qui consistent dans les deux cas à tuer les poissons d’une même zone avant de les récupérer morts à la surface.